lundi 23 août 2010

Adios




J'ai apprécié l'aventure.
J'espère que toi aussi.

4 ans, déjà.
A bientôt, sous d'autres cieux.

Et encore merci d'être passé par cette auberge....

mardi 15 juin 2010

Haïti et le don empoisonné de Monsanto: une 2ème catastrophe

L’entreprise américaine Monsanto a donné des semences transgéniques à Haïti. Ce fait a été dénoncé le 10 mai dernier dans un article écrit par le curé français Jean-Yves Urfié, ex-professeur de chimie du Collége Saint Martial, à Port-au-Prince. Urfiè écrit dans son article : “La société transnationale Monsanto offre aux agriculteurs du pays un cadeau mortel de 475 tonnes de maïs transgénique, avec les engrais et les pesticides associés, qui seront remis gratuitement par le Projet Winner, avec l’appui de l’ambassade des États-Unis en Haïti”. Selon lui, la multinationale Monsanto a déjà commencé à distribuer les semences de maïs transgéniques dans les régions de Gonaives, Kenscoff, de Pétion-Ville, de Cabaré, d’Arcahaie, de Croix-des-Bouquets et de Mirebalais.

La forte répercussion de cette dénonciation a obligé le Ministre de l’Agriculture d’Haïti, Joana Ford, à convoquer une conférence de presse le 12 mai dernier à Port-au-Prince. Le Ministre Ford a affirmé "Haïti n’a pas de capacité à administrer les OGM” avant de démentir que la donation de Monsanto était du maïs transgénique. "Nous prenons toutes les précautions avant d’accepter l’offre faite par la multinationale Monsanto pour recevoir une donation de 475 947 kg de semences de maïs hybride et 2 067 kg de semences de légumes. Nous devons aussi mentionner que, en l’absence d’une loi qui réglemente l’utilisation d’Organismes Génétiquement Modifiés en Haïti, je ne peux pas permettre l’introduction de semences ‘Roundup Ready‘ ou toute autre variété de transgéniques", a souligné le Ministre.

Selon Ford, les semences hybrides dont Monsanto fait la promotion sont adaptées aux conditions tropicales d’Haïti. Ce dont fait partie d’une campagne du Ministère de l’Agriculture pour relancer le secteur agricole après le tremblement de terre du 12 janvier dernier. Le Ministre indique également que dans cette optique plus de 65 000 hectares de terre sont entrain de bénéficier d’une préparation par des tracteurs, des engrais et des pesticides, et les agriculteurs recoivent une formation.

Monsanto elle-même s’est retrouvée obligée de se prononcer sur cette affaire. “Nous croyons que l’agriculture est la clé pour la récupération d’Haïti sur le long terme”, a affirmé la transnationale dans une note publiée sur sa page internet. “Après la catastrophe, Monsanto a donné de l’argent pour le redressement (d’Haïti)”, continue la note, “mais il était évident que le don de nos produits - de maïs et les semences de légumes de qualité - pourrait faire réellement la différence dans la vie des Haïtiens”. Avec cet état d’esprit généreux la plus grande compagnie de semences au monde a résolu de donner à Haïti l’équivalent de 4 millions de dollars en semences de maïs hybride, choux, carotte, aubergine, melon, oignon, tomate, épinard, et melon d’eau. 60 tonnes de ces semences sont arrivées sur le territoire haïtien durant la première semaine de mai. 70 tonnes supplémentaires sont arrivées à Port-au-Prince le 13 mai dernier. Il est prévu que pour les 12 prochains mois 345 tonnes supplémentaires de semences hybrides de maïs soient distribuées aux agriculteurs du pays.

Ouvrir des marchés

Le tremblement de terre du 12 janvier a provoqué la mort de 300 000 personnes et a laissé plus d’un million d’Haïtiens sans domicile. Les conséquences ont été dévastatrices. Mais, bien qu’il ait atteint 7 degrés sur l’échelle Richter, il est peu probable que le tremblement de terre ait détruit les structures de fonctionnement d’une société transnationale comme Monsanto. Le don de 475 tonnes de semences hybrides peut être vue comme une action de générosité de la part de la transnationale envers le peuple haïtien. Cependant les conditions dans lesquelles ce don a été effectuée sont regardées de plus près, cette générosité devient une simple tactique entrepreneuriale pour augmenter les bénéfices.

Les gains de Monsanto de décembre 2009 à fin février 2010 ont été de 887 millions de dollars. Durant la même période l’an passé, ses gains ont été de 1,09 milliard de dollars, ce qui signifie une chute de 19%. Selon Hugh Grant, directeur exécutif de la transnationale, la cause principale de cette chute a été la diminution des ventes d’herbicides et de produits chimiques.

Début avril, durant une conférence en présence d’annalistes, Grant a affirmé qu’il ne pourrait pas recourir à l’augmentation des prix pour contrecarrer cette chute, puisque les agriculteurs ne semblent pas disposés à payer des prix plus hauts pour les nouveaux spécimens de semences transgéniques, dont certaines d’entre elles sont deux fois plus chères que les variétés les plus cultivées aujourd’hui. "Le retour que j’ai des propriétaires fonciers indique que si nos prix étaient différents, la courbe d’adoption des semences serait différente" avait-il déclaré.

Quant il n’est pas possible de faire monter le prix de ses produits, la seule solution pour Monsanto est de contrecarrer cette chute en ouvrant de nouveaux marchés. Et ce n’est pas un hasard qu’à peine un mois après la conférence de Hugh Grant dess semences de Monsanto arrivent à Haïti.

Ce qui n’a pas été dit ni par Monsanto, ni par le Ministère de l’Agriculture haïtien, c’est ces semences hybrides de maïs ne pourront accomplir leurs promesses de productivité et d’adaptation au climat tropical haïtien que si elles sont traitées par les herbicides, les engrais et les produits chimiques spécifiques, qui sont justement produits par Monsanto. Cela signifie que les agriculteurs haïtiens qui reçoivent les semences hybrides ne réussiront à les rendre productives que s’ils acquièrent les herbicides et les engrais de Monsanto.

De plus, les agriculteurs ne pourront pas replanter les semences issuent de ce maïs, puisque l’une des caractéristiques de ces semences hybrides c’est que seule la première génération est fertile. S’ils veulent continuer à semer les paysans haïtiens devront acheter de nouvelles semences à Monsanto.

À ce rythme, avec l’augmentation de la consommation de semences et implicitement d’herbicides, d’engrais et de produits chimiques Monsanto, la prévision du curé Jean-Yves Urfié pourra devenir réalité : “Bientôt, il y aura que des semences Monsanto en Haïti. Et alors, ce sera la fin de l’indépendance des agriculteurs”.

Vainqueur

Monsanto n’est pas seule dans cette entreprise. Le transport et toute la logistique de distribution des semences en Haïti se fait au profit de deux autres entreprises américaines : la Kuehne + Nage Emergency and Relief Logistics et l’UPS Foundation.

Ken Sternad, président d’UPS, a insisté pour se prononcer sur cette action : “Cela fait parti de nos efforts continus pour appuyer le redressement d’Haïti, l’UPS a l’orgueil de donner ses services aux bateaux de semences, car le pays commence à se diriger vers la construction d’un avenir soutenable".

Cet “avenir soutenable” dont parle Sternad et qui attire l’intérêt de tant d’entreprises étrangères est définit dans le Projet Winner lancé le 8 octobre 2009 par l’USAID (Agence des États-Unis pour le Développement International) (1). Le Projet Winner investira 126 millions de dollars dans les cinq prochaines années afin de construire une nouvelle infrastructure agricole en Haïti, avec comme objectif l’augmentation de sa productivité. Entre-temps, ce programme fournira une assistance technique spécialisée, en plus de services techniques et des facteurs de production agricoles, comme les pesticides et les engrais.

C’est par ce projet que seront distribuées les 475 tonnes de semences de Monsanto. En fait, ces semences n’arriveront pas directement dans les mains des paysans haïtiens, elles seront tout d’abord acheminées aux magasins administrés par l’USAID et seront ensuite vendues pour un prix “significativement réduit” aux agriculteurs. “Notre but est d’arriver à fournir 10 000 agriculteurs durant cette saison”, indique Jean Robert Estime, directeur responsable du Projet Winner. “Les semences aideront à nourrir et fourniront des opportunités économiques pour les agriculteurs, leurs familles et la communauté haïtienne en général”.

Pour comprendre ce que sont ces “des opportunités économiques”, il faut connaître les acteurs qui sont derrière le Projet Winner. Son directeur responsable, Jean Robert Estime, a servi comme Ministre des Affaires étrangères durant les 29 ans de la dictature de Duvalier en Haïti, époque dans laquelle plus de 30 000 Haïtiens ont été assassinés et le pays a ouvert ses portes aux produits alimentaires étrangers. Grâce à cette ouverture, Haïti importe aujourd’hui 80% des aliments qu’il consomme.

Architecte et coordinatrice du Projet Winner, l’USAID est un organisme gouvernemental américain créé en 1961. Selon sa page internet officielle, il a la mission de “promouvoir les intérêts de la politique externe des États-Unis dans l’expansion de la démocratie et des libres marchés, en améliorant la vie des citoyens du monde en développement”. Avec siège à Washington/DC, l’USAID est présente sur les cinq continents. Son travail appuie “la croissance économique et les avancées de la politique externe des États-Unis”.

Nouveau tremblement de terre

Chavannes Jean-Baptiste, coordonnateur du Mouvman Peyizan Papay (MPP) et membre de la Via Campesina haïtienne déclare qu’en fait “Il s’agit d’un nouveau tremblement de terre plus dangereux a long terme que celui qui s’est déroulé le 12 janvier. Il ne s’agit pas d’une menace, mais d’une très forte attaque contre l’agriculture, les paysans et les paysannes, la biodiversité, les semences créoles que nous défendons, et à ce qu’il reste de notre milieu environnemental en Haïti”

Chavannes accuse le gouvernement haïtien de profiter du tremblement de terre pour vendre le pays aux forces impérialistes et aux sociétés transnationales. “Nous ne pouvons pas accepter cela”, fait remarquer le leader paysan, “nous devons commencer la mobilisation contre ce projet, contre l’arrivée de Monsanto en Haïti. Nous avons besoin d’une forte unité en Haïti et d’une forte solidarité internationale pour affronter Monsanto et toutes les forces mortifères qui veulent en finir avec la souveraineté de ce petit pays qui a conquis son indépendance avec le sang de ses enfants et de ses filles dès 1804”.

Comme premier pas dans cet affrontement, le MPP a demanThalles GOMESdé aux paysans d’enterrer et de brûler toutes les semences de maïs provenant du Ministère de l’Agriculture. De plus, la Via Campesina d’Haïti organise une grande marche les 4 et 5 juin prochains, à l’occasion du Jour International de l’Environnement. La marche partira de la région de Papay à destination de la ville de Hinche, capitale du département Central. (Traduction ALAI)

Thalles Gomes, journaliste brésilien, brigade de solidarité de Via Campesina Brésil à Port-au-Prince - Haïti.

samedi 12 juin 2010

Ombres et lumières du football, par Eduardo Galeano


Et bientôt, le Mexique...



Matche nul entre la France et l'Uruguay.
Pour se rattraper un peu, je te propose, mon canaillou, de te procurer illico presto LE FOOTBALL, OMBRE ET LUMIERE, d'Eduardo Galeano l'Uruguayen.

A lire, en guise de mise en bouche, cette analyse de ce bijou non conformiste sur cette passion universelle.

Cet auteur, parce qu’il est engagé dans son siècle, ne pouvait éviter d’aborder le phénomène social que représente le football sur son continent et dans le monde, ce qu’il fit en 1995 avec Le football, ombre et lumière. Mais rassurez-vous : il ne s’agit pas de l’essai austère d’un « intellectuel » se penchant sur ce sport, mais d’un vaste tableau constitué de courts textes d’une à deux pages, comme autant de touches contrastées: de petits récits, des portraits, des anecdotes parlantes, des réflexions sur ses diverses facettes, qui témoignent de son amour, de sa profonde compréhension pour l’apport lumineux du football, qui n’empêche pas la lucidité sur ses aspects sombres, comme l’indique le titre. Et il vise juste dans les deux cas.

QUE VEULENT - ILS FAIRE DU FOOTBALL ?

De manière récurrente et toujours concrète, sans asséner de leçon, E. Galeano déplore la transformation d’un jeu qui participe de l’esprit d’enfance en machine rentable de spectacle (de moins en moins spectaculaire d’ailleurs !). Citant le Brésilien Joao Havelange, nouvellement intronisé président de la Fifa en juin 1974, qui affirme crûment : « Je suis là pour vendre un produit appelé football », il évoque le « sponsoring » et le « marketing » dans le football : « Les entreprises ont compris que le football est un langage universel qui peut contribuer à l’expression de leurs affaires dans le monde entier ». En rapport avec la « télécratie » : «par des moyens directs ou indirects, la télévision décide où, quand, et comment on jouera ».

Il rappelle à ce sujet la réflexion du même Havelange aux joueurs (Maradona, Jorge Valdano …) qui se plaignaient de devoir jouer par 40°C en plein midi au Mondial mexicain de 1986, pour que soit assurée la retransmission des matches en Europe aux heures de grande écoute : « Qu’ils jouent et qu’ils se taisent ! ». Il en profite pour pointer l’opacité des comptes financiers des institutions internationales ou des clubs dans la plupart des pays, à l’image des mouvements financiers internationaux vers les paradis fiscaux et autres pays à secrets bancaires en ces temps de « mondialisation ». Pour lui, si les joueurs professionnels gagnent aujourd’hui des sommes exorbitantes, ils en font gagner bien plus par leur activité à bien d’autres, sans qu’on sache alors les sommes.
Il dénonce le travestissement des joueurs en « publicité ambulante » : « aujourd’hui, chaque joueur est une publicité qui joue ». Il aurait pu aussi évoquer les stades transformés en vastes panneaux publicitaires.

mardi 8 juin 2010

Fin de la logique du beurre, de l'argent du beurre et les nichons de la crémière en Equateur: désormais, raquez!


Équateur - Source : Maxisciences

Afin de préserver la forêt amazonienne et la biodiversité qu'elle abrite, l'Équateur a choisi de renoncer à l'exploitation d'un gisement de pétrole. Un sacrifice que le pays souhaite voir financé par la communauté internationale.

C'est à quelque 850 millions de barils reposant dans le sous-sol du parc Yasuni que l'Équateur a choisi de renoncer. Cette réserve s’étend sur 950.000 hectares de forêt amazonienne, et abrite une biodiversité extraordinaire. Dans ce parc vivent 2.244 espèces d’arbres, 567 espèces d’oiseaux, 105 espèces d’amphibiens, 83 espèces de reptiles, 382 espèces de poissons, plus de 100.000 espèces d’insectes, mais aussi trois peuples indigènes qui seraient chassés de leur territoire si les gisements de pétrole venaient à être exploités.

Sous ce trésor naturel reposent 20% des réserves certifiées de pétrole du pays, et leur exploitation a été évaluée à 350 millions de dollars par an, pendant 10 ans. Le président Rafael Correa propose donc aux pays industrialisés de financer la non-exploitation de ce pétrole au nom d’une dette écologique du Nord envers le Sud. Les fonds reçus seraient alors placés sur un compte bloqué dont les intérêts seraient utilisés pour financer des projets écologiques, et notamment la reforestation, mais aussi la conservation de zones protégées ou encore le développement des énergies renouvelables.

"Ce ne sont pas des aides ou des subventions que l’on demande aux pays riches. On fait appel à la responsabilité partagée. Les pays développés doivent leur expansion en partie à la destruction des ressources naturelles. Aujourd’hui, nous les invitons à participer à la préservation de la planète", a souligné Tarcisio Granizo, sous-secrétaire d’État au ministère du Patrimoine équatorien.
Le projet équatorien, en plus de protéger une zone classée par l’Unesco comme la plus grande réserve mondiale de la biosphère, permettra d'éviter l'émission de centaines de millions de tonnes de CO2.

A Copenhague, en décembre dernier, le Pnud (Programme des Nations unies pour le développement) et les représentants du projet Yasuni ont signé un accord cadre pour la création du fonds de compensation. Mais si l’Allemagne, la Belgique et l’Espagne ont assuré leur soutien à l'initiative, peu de pays ont annoncé leur participation au projet. Plusieurs États comme la Norvège, la Suisse ou la France se sont pour l'instant contentés de se déclarer "intéressés".

mercredi 2 juin 2010

Charité





Je m'empâte un peu ces temps ci. Phase de transit propice aux embonpoints et aux lectures diverses et corsées.

C'est ainsi qu'avachi, dans mon lit, je lis, ceci, ici retranscrit à peu près, grosso merdo et dabs l'idée. ce sont les procès verbaux du Comité pour l’extinction de la mendicité de l’Assemblée constituante, en pleine Révolution Française...

On a toujours pensé faire la charité aux pauvres et jamais à faire valoir les droits de l'homme pauvre sur la société.
La bienfaisance publique n'est pas une vertu compatissante, elle est un devoir, elle est la justice.

Patxi, Cheap Murat du pauvre 2.0, rajouterait que:
Là ou existe une classe d'homme sans subsistance, là existe une violation des droits de l'humanité.
Là ou l'on brise, ou l'on dénie, ou l'on humilie, on récoltera bientôt le désarroi, la rancoeur, la Haine.

Et c'est pour ça que j'irai là bas.
Et c'est pour ça qu'à mon retour, un jour, je me lancerai en...politique, quien sabe. Ou pas.
Et c'est pour ça que je fûs/je vais/j'irai là bas.

dimanche 16 mai 2010

Les Guarani du Brésil menacés par les fermiers


Un ptit tour du côté de l'ONG Survival, le mouvement pour les peuples indigènes...

Les Guarani du Brésil menacés par les fermiers...

Pour les Guarani, la terre est à l’origine de toute vie. Mais les invasions violentes des fermiers ont dévasté leur territoire dont la plus grande partie a été spoliée.

Les enfants souffrent de malnutrition et leurs leaders sont assassinés. Ces dernières années, des centaines de Guarani, hommes, femmes, enfants, se sont suicidés.

À l’arrivée des Européens en Amérique du Sud il y a plus de 500 ans, les Guarani furent parmi les premiers peuples à être contactés.

Ils sont aujourd’hui environ 30 000 au Brésil, ce qui fait d’eux la plus nombreuse population indigène du pays. (De nombreuses autres communautés Guarani vivent sur les terres voisines du Paraguay, d’Argentine et de Bolivie).
Mais alors qu’ils occupaient autrefois un territoire de près de 350 000 km2 de forêts et de plaines, ils s’entassent aujourd’hui sur de petites parcelles de terres encerclées par les fermes d’élevage et les vastes plantations de soja et de canne à sucre.

Certains n’ont aucun territoire et vivent dans des campements de fortune le long des routes.

Les Guarani sont profondément spiritualistes. De nombreuses communautés ont une maison de prières et un leader religieux dont l’autorité est fondée sur le prestige plutôt que sur le pouvoir.

Depuis des temps immémoriaux, les Guarani sont en quête de la « Terre sans mal », un lieu révélé par leurs ancêtres où ils pourront vivre sans douleurs ni souffrances.

Au cours des siècles, les Guarani ont parcouru de grandes distances à la recherche de la « Terre sans mal » – un chroniqueur du XVIe siècle notait leur « volonté permanente de chercher de nouveaux territoires où ils imaginent trouver l’immortalité et le repos éternel ».

Cette quête permanente est une caractéristique de la personnalité unique des Guarani, une « différence » souvent remarquée par les étrangers.

Aujourd’hui, cela se manifeste de manière bien plus tragique : profondément affectés par la perte de la presque totalité de leurs terres, les Guarani connaissent une vague de suicides sans équivalent en Amérique du Sud.

Haïti : terre cruelle…


Ca causait dru, sur France Inter, ce matin...

Le fait est tout à fait exceptionnel : le 10 mars, devant le Sénat des Etats-Unis.

Bill Clinton, est venu présenter ses excuses.

Pas aux Américains.

L’ex-président est venu présenter ses excuses aux Haïtiens.

Bill Clinton, aujourd’hui envoyé spécial des Nations Unies à Haïti

a reconnu s’être trompé lorsque, dans les années 90, il avait obligé les autorités haïtiennes à lever les barrières douanières sur les produits agricoles américains.

Au nom d’un libéralisme imbu de ses valeurs, le geste a tout simplement précipité une agriculture haïtienne déjà mal en point vers le gouffre. Exemple le plus dramatique : le riz, la nourriture de base des haïtiens.

80% des quantités consommées sont importées des Etats-Unis, parce que le riz américain, hypersubventionné, arrive moins cher que la production locale !

La situation aurait pu perdurer encore longtemps.

Mais le tremblement de terre du 12 janvier, et l’arrivée massive d’une aide alimentaire d’urgence n’ont fait qu’aggraver cette réalité.

La catastrophe a rejeté vers les campagnes plus d’un million de personnes qui ont fui la dévastation de Port au Prince.

Le problème, c’est que même dans les campagnes aujourd’hui, la nourriture manque.

La catastrophe peut-elle être une chance pour les agriculteurs locaux, va-t-on enfin se préoccuper des campagnes haïtiennes ?

Haïti : terre cruelle…

jeudi 13 mai 2010

Les politiques sociales en Amérique latine



Les politiques sociales en Amérique latine : laboratoire mondial

Par Alain Lipietz

Le poids de la gauche classique (celle des années 50) est-il resté trop fort pour répondre aux défis du siècle nouveau ? Il est sans doute significatif que ce soit un représentant de la « nouvelle gauche », faisant référence à l’écologie, qui ait eu la possibilité d’affronter l’héritier d’Alvaro Uribe dans le dernier pays resté à droite, la Colombie.

Nous allons ici examiner les nouvelles politiques sociales expérimentées en Amérique Latine, combien elles sont insuffisantes pour transformer durablement la situation des plus démunis et consolider l’hégémonie des forces de la gauche classique (de la démocratie chrétienne progressiste aux communistes), et en même temps qu’elles restent sources d’inspiration pour l’avenir, non seulement en Amérique Latine mais en Europe.

Les pays d’Amérique latine ont en effet connu depuis longtemps une évolution économique et sociale relativement synchrone [1]. À partir des années 1930, les uns après les autres, ils adoptent le modèle dit « CEPALien » de substitutions aux importations. Socialement, ils importent des éléments de ce que, au Nord, on appellera modèle rooseveltien, modèle social-démocrate, économie sociale de marché, oligopole social, modèle fordiste… Ils le feront de manière particulièrement caricaturale : extrême organisation du rapport salarial et des politiques sociales (on parlera de corporatisme), mais réservée en fait à une aristocratie ouvrière.

À partir des années 1970, ce modèle entre en crise et c’est en Amérique latine que s’expérimente, sous des dictatures inspirées par la doctrine des Chicago boys, ce qui deviendra le modèle néolibéral. La résistance populaire à la destruction de la politique sociale prend la forme d’un nouvel associationnisme populaire (Organisations Non Gouvernementales, coopératives sociales, etc). Consacrées par la Banque mondiale, ces initiatives se codifieront en politiques publiques qui inspireront à leur tour le « social-libéralisme » des pays du Nord…

Les forces de gauche revenues au pouvoir récupèrent largement cet « acquis » mais en reviennent, économiquement, au modèle de substitution aux importations. Ce qui les empêche de consolider leur infrastructure sociale : c’est mieux que la réaction sociale des dictatures, mais trop peu, et tout reste réversible. En même temps, le productivisme, inhérent à cette politique économique, les met en porte à faux vis à vis des nouveaux mouvements sociaux, à commencer par les mouvements indigénistes. D’où l’essoufflement rapide de la gauche classique, le risque d’alternance à droite, et l’émergence d’une nouvelle gauche écologiste.

La suite est là...

vendredi 7 mai 2010

Instrucciones a seguir






Les instructions-injonctions sociales les plus fortes de cette époque, elle qui prête volontiers son cul au dard, fier et tendu, du désenchantement généralisé peuvent toute fois se résumer à ce quatrain Sacré, fier étendard aux frontons de nos Mairies :
Consomme, Travaille, Vote et Tais-toi.
La bas, comme ici...

Cesses donc de fantasmer sur le ciudadanus-citoyen latino insurgé, critique, militant, en ébullition, insoumis: lui aussi s'est laissé, peu à peu, anesthésié par les chimères du Tout Marché. Juste une question de temps pour qu'il rattrape notre doucereuse apathie...

Mais chaque jour, aussi, en coin, on est bien obligés de constater qu'il reste tant, tant d'espoir et de signes encourageants un peu partout que la messe est bien bien loin d'être dite.

mercredi 5 mai 2010

Amour en Amérique



Les premiers instants, touchants, d'une Histoire d'Amour, frémissante, égalitaire, spontanée, pure, quelque part en discoteca ou autre tripôt d'une capitale régionale d Amérique dite, du Sud

L’amour (en Amérique du Nord comme Latine) est menacé de toute part ; sur sa gauche, par le libertinage qui le réduit aux variations sur le thème du sexe, et sur sa droite, par la conception libérale qui le subordonne au contrat. C’est sur l’amour que se concentrent les offensives ruineuses et conjointes des libéraux et des libertaires. Les premiers soutiennent les droits de l’individu démocratique à la jouissance sous toutes ses formes sans voir que dans un monde réglé par la dictature marchande, ils servent de fourriers à la pornographie, qui est l’un des plus importantes marchés planétaires. Les seconds voient l’amour comme un contrat entre deux individus libres et égaux, ce qui revient à se demander si les avantages qu’en tirent l’un balance équitablement ceux qu’en tire l’autre. Dans tous les cas, on reste interne à la doctrine selon laquelle tout ce qui existe relève de l’arbitrage entre des intérêts individuels ; la seule différence entre les libertaires et les libéraux qui valident comme norme unique la satisfaction des individus, est le recours des premiers aux désirs, contre le recours des seconds à la demande.

On soutiendra, contre cette vision des choses, que l’amour commence au delà du désir et de la demande, que cependant il enveloppe. Il est examen du monde du point de vue du deux, en sorte que l’individu n’est aucunement son territoire. L’amour est violent, irresponsable et créateur. Sa durée est irréductible à celle des satisfactions privées. Il crée une pensée neuve dont le contenu unifié porte sur la disjonction et ses conséquences.


Alain Badiou, Boudiou, Bah, dis...

mercredi 28 avril 2010

Solutions locales, désordre global: en Argentine, le soja tue

Le documentaire Solutions locales pour un désordre global, de Coline Serreau, actuellement en salle, fait un carton. Pas étonnant. Ce vieux peuple paysan qu'est le peuple français, dans ses variantes de civilisation alpine, méditerranéenne, gasconne, bretonne, aujourd'hui totalement post-industrialisé, ce bon et gras peuple de France pourra prendre la mesure de son enfilage, sur 50 ans, par les agro-industries et ses puissants lobbies.
Ce documentaire a l'immense mérite de dévoiler des pistes, des voies de sortie de ces impasses absurdes générées par l'hyperproductivisme et le Grand Leviathan de l'Agro-chimie qui a tué nos sols...Et ceci de façon drôle, honnête, pédagogique, et, enfin, internationaliste...Ce qui fait du bien. Avec même des petits bouts d'espoir caramélisé dedans.
On voyage entre Beauce, Brésil, Inde ou Guatémala...Et on est captivé par notre propre ignorance, en résonnance, à tout ce qui s'est tramé depuis si longtemps dans nos assiettes.

C'est la deuxième génération de documentaires militants, pas moins noirs, mais qui osent déboucher sur des perspectives de sortie envisageables, réalistes, de l'ordre du faisable, sans que ce soit uniquement de l'incantatoire volontiers onanistique...

Depuis 1996, la culture du soja transgénique est par exemple autorisée en Argentine. Encouragée par la firme Monsanto, qui en commercialise les semences, elle occupe 50 % des terres arables. Avec des conséquences sociales et environnementales terribles...Est-ce réversible?